Des verbes comme shitamu ou mińumu sont des verbes dont le radical se termine par un u. Il peut s’agir d’un u long ou bref, mais cette longueur n’est pas marquée dans l’orthographe standard.
Les dialectes de l’est ont un plus grand nombre de verbes ayant un radical en -u, parce que, pour plusieurs de ces verbes, on a une forme en -un dans les dialectes de l’ouest : shipeku / shipekunc’est vert, nipiu / nipiunc’est mouillé. En fait, ces verbes qui alternent entre u et un selon les dialectes sont traités ensemble, constituant un type de radical à part; on peut les repérer dans le dictionnaire, puisqu’ils sont entrés avec la forme alternée comme suit : shipeku(n). Le type de radical dont il est question ici concerne les radicaux qui se terminent par un udans tous les dialectes, même ceux de l’ouest.
On observe que dans la forme shitamuipan ci-dessus, un i est ajouté avec la terminaison pan, comme si le radical se terminait par une consonne. Pour les verbes en -u, à l’indépendant, les suffixes modaux doivent être précédés de la voyelle -i- : -ipan, -itak, -ishapan, -itshe, -ikupan. C’est une des particularités de cette conjugaison en -u.
VERBES À RADICAL II EN u
mińumu
qqch est bien fixé
mińumuitshe
ça doit être bien fixé
pimamu
qqch est fixé de travers
apu pimamut
qqch n’est pas fixé de travers
shitamu
qqch est fixé serré
shitamuipan
qqch était fixé serré
matshamu
c’est mal installé
matshamuipan
c’était mal installé
mińumu
le chemin est bon
apu mińumut
le chemin n’est pas bon
uakamu
le chemin fait une courbe
uakamuipan
le chemin faisait une courbe
kuishkumu
le chemin est droit
apu kuishkumut
le chemin n’est pas droit
ńutinamu
qqch est installé et exposé au vent
apu ńutinamut
qqch n’est pas installé et exposé au vent
kashkuanashku
c’est nuageux
kashkuanashkuipan
c’était nuageux
REMARQUES
Normalement, quand un radical de verbe se termine par une voyelle et qu’on y ajoute un suffixe qui commence par une consonne (-pan, -tak, -shapan, etc.), cette flexion s’ajoute telle quelle. Si le radical se terminait par une consonne, on devrait introduire une voyelle (-i-)LINGUISTIQUE : On peut analyser la présence de cette voyelle de différente manière : soit elle fait partie du radical qui se terminerait alors en ui, et cette voyelle s’effacerait dans certaines situations; soit elle fait partie du suffixe modal et elle est effacée quand le radical se termine par une voyelle longue; soit elle est ajoutée entre 2 consonnes (celle de la finale du radical et celle du suffixe). . On peut analyser la présence de cette voyelle de différente manière : soit elle fait partie du radical qui se terminerait alors en ui, et cette voyelle s’effacerait dans certaines situations; soit elle fait partie du suffixe modal et elle est effacée quand le radical se termine par une voyelle longue; soit elle est ajoutée entre 2 consonnes (celle de la finale du radical et celle du suffixe) pour lier le radical et la flexion. Dans le cas des radicaux II en -u, on a une situation mixte :
Généralement, le u du radical se comporte comme une voyelle; c’est le cas à l’indépendant indicatif présent, avec l’ajout du -ń- de l’obviatif (mińumuńu[son] chemin est bon), et au conjonctif (apu mińumutle chemin n’est pas bon).
À l’indépendant, quand on ajoute les suffixes modaux -pan, -tak, -shapan, -tshe, -kupan, le u- du radical devient une semi-consonne [w], et les suffixes modaux doivent être précédés de la voyelle -i- : -ipan, -itak, -ishapan, -itshe, -ikupan, comme si le radical se terminait par une consonne. De plus, ces suffixes modaux ont la particularité d’allonger la voyelle qui précède, ici le i inséré entre le radical en u et la terminaison : mińumu+i+pan=mińumuipanqqch était bien fixé.
À la 3e personne de l’indépendant indicatif présent, le suffixe –u fusionne avec le u du radical : mińumu+u=mińumu.