nanamishinu | il rebondit sur place | nanamishinu | il a le corps qui tremble |
pimamu | qqch est fixé de travers | pimamu | le chemin passe |
pimapu | il a un œil croche | pimapu | il est assis de travers |
shikupańu | qqch se vide | shikupańu | qqch est écrasé |
atshiku | phoque | atshiku | morve |
Description du problème
À l’écrit, on a 4 voyelles : a, e, i, uPrononciation correspondant aux voyelles longues de l’innu :
a [a], i [i], comme a, i en français
e [e], comme é en français
u [u], comme ou en français
À l’oral, on a 7 voyelles :
- 3 voyelles brèvesLes voyelles brèves sont souvent prononcées [ǝ]. : a [a], i [i], u [u]
- 4 voyelles longues : a [a:], i [i:], u [u:] et e [e:],La voyelle e est toujours longue en innu.
À l’écrit, on n’indique pas, dans l’orthographe standard innue, la longueur des voyellesDIALECTOLOGIE : D’autres langues algonquiennes proches de l’innu, comme le cri de l’Est, indiquent les voyelles longues en doublant la voyelles : kaakw [ka:ku] porc-épic. En innu, cette façon de faire n’a jamais été utilisée ni par les missionnaires, ni par la suite par les linguistes, et n’a pas été retenue dans la standardisation de l’orthographe.. C’est une décision qui a été prise lors du processus qui a mené à la standardisation de l’orthographe innue. On ne distingue donc pas entre un a long et un a bref, un i long et un i bref, etc.
DIFFICULTÉ |
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Cette décision a été prise en tenant compte du fait que l’innu est la langue maternelle des utilisateurs de l’orthographe et que les lecteurs peuvent décoder le sens d’un mot selon son contexte d’utilisation. En fait, on trouve des homographesHomographe : Mots qui s’écrivent de manière identique (même graphie), mais qui ont un sens différent. Les homographes ne sont pas nécessairement des homophones, qui eux se prononcent de la même façon, sans avoir le même sens. ou des homophones probablement dans toutes les langues et cette situation ne semble pas nuire à leur compréhension. |
Par contre, pour un lecteur novice, le fait de ne pas écrire la longueur des voyelles peut rendre plus difficile le décodage de certains mots. |
L’apprentissage de la lecture et de l’écriture peut aussi s’avérer plus ardu pour les apprenants de l’innu, c’est-à-dire ceux qui ne parlent pas déjà la langue, alors que le fait de prononcer ou non une voyelle longue peut changer le sens d’un mot. |
Cette décision orthographique de ne pas marquer la longueur des voyelles a des avantages et des inconvénients.
Avantages de ne pas marquer la longueur des voyelles
La longueur des voyelles n’est pas la même dans tous les dialectes. En fait, on a plus de voyelles longues dans les dialectes de l’est que dans ceux de l’ouest, pour des raisons historiques.
Le fait de ne pas indiquer les voyelles longues permet de pouvoir écrire un mot de manière identique quel que soit le dialecte. C’est la principale raison qui a prévalu dans le choix de ne pas marquer la longueur des voyelles.
atiku | caribou | mikuau | c’est rouge |
emikuan | cuiller | utshekataku | étoile |
utapanit | dans l’auto | pipitsheu | merle |
matsheshu | renard | kassinu | tous |
Traditionnellement (c’est-à-dire dans les premiers écrits en innu, par exemple ceux des missionnaires), on n’indiquait pas la longueur des voyelles. Lors du processus d’élaboration et d’uniformisation de l’orthographe, les locuteurs se sont montrés réticents à marquer les voyelles longues, pour les raisons suivantes, entre autres :
- parce que ça ferait un grand nombre de marques, étant donné le grand nombre de voyelles longues;
- parce que, dans certains cas, il n’est pas facile de distinguer une voyelle longue d’une voyelle brève.
Désavantages de ne pas marquer la longueur des voyelles
Comme il y a peu de voyelles différentes en innu, la longueur des voyelles sert souvent, à l’oral, à distinguer des mots qui autrement sont identiques. Le fait de ne pas écrire la longueur d’une voyelle crée donc des homographes, comme dans les exemples qui suivent, où les voyelles longues sont indiquées par un accent circonflexe pour illustrer cette situation d’homographie :
nitakushin | j’arrive (à pied) |
nitâkushin | je suis malade |
nitakushîn | je grimpe |
nanutau | il laisse pourrir qqch |
nânutau | il gaspille qqch |
mîtshishu | il mange |
mitshishu | aigle |
pakân | noix, grand-père (pâte) |
pâkan | c’est enflé |
mîtush | tremble (arbre) |
mitush | radeau |
nimińushin | je suis bien couchée |
nimińushîn | je suis bien |
nânâmishinu | il rebondit sur place |
nanamishinu | il a le corps qui tremble |
pîmamu | qqch est fixé de travers |
pimamu | le chemin passe |
pimâpu | il a un œil croche |
pimapu | il est assis de travers |
shîkupańu | qqch se vide |
shikupańu | qqch est écrasé |
âtshiku | phoque |
atshiku | morve |
atshimeu | il les compte |
âtshimeu | il raconte une histoire |
Outils
Le dictionnaire reste le meilleur outil en cas de confusion quant au sens de mots homographes. En effet, si l’orthographe d’un mot ne reflète pas tout à fait sa prononciation, on trouve dans le dictionnaire la transcription phonétique de la prononciation du mot selon les dialectes, quand cette prononciation a été documentée (ce qui n’est pas le cas pour toutes les entrées du dictionnaire). La transcription phonétique se trouve entre crochets carrés [ ] (par convention en linguistique). Dans ces transcriptions, les voyelles longues sont accompagnées d’un deux-points (:), qui est le symbole phonétique des voyelles longues. Voici quelques exemples qui illustrent cette information que donne le dictionnaire :
atiku | caribou | MAMMAM : parlers de Mamit ou de Basse-Côte-Nord; comprend Mingan, Natashquan, La Romaine et Saint-Augustin. [ati:hkw], SHESHE : parler de Sheshatshit, qui parfois se rapproche de Uashat, parfois de Mamit. [ti:hkw], UASHUASH : parlers de Uashat, Maliotenam et Schefferville. [ti:hkw] [tukw], BETSBETS : parler de Betsiamites (ou Pessamit). [tǝkw] |
maushu | il cueille des petits fruits | UASH-SHE [ma:w∫u], MAM [ma:wahu], BETS [mu:∫u] |
mukuman | couteau | GENGEN : prononcé de la même manière dans tous les dialectes. [mu:kuma:n] |
papańu | il arrive au vol | MAM [pa:panu], UASH-SHE [pa:pǝnu], BETS [pa:pǝlu] |
pitshu | gomme | MAM [pɨt∫u], O-SHEO-SHE : dialectes de l’ouest (Uashat et Betsiamites) et Sheshatshit. [pǝt∫u] |
mushtitat | sur le plancher | ROMROM : parler de La Romaine. [mu:hti:tat], MINMIN : parler de Mingan. [musti:tat], SHE [mu:stɨ:tǝt], UASH [mu:sti:tǝt], BETS [mu:stǝ:tǝt] |