Comme pour les verbes TI, on ajoute généralement au radical de base TA une flexion spéciale, appelée suffixe thématiqueLes suffixes thématiques sont des flexions particulières qu’on retrouve dans la conjugaison des verbes transitifs, donc des verbes TI et TA. en linguistique algonquienne, avant d’ajouter les terminaisons de personnes et de temps. Dans le cas des verbes TA, les suffixes thématiques font référence aux sous-classes locale, mixte, non locale, directe, inverse.
La structure d’un verbe TA conjugué à l’indépendant (où il peut prendre des préfixes de personne) est donc la suivante :
préfixe de personne | + | radical ta | + | suffixe thématique | + | terminaisons de personne et de temps |
La sous-classe locale directe est la sous-classe non marquéeEn linguistique, on oppose souvent les formes dites non marquées, qui sont en quelque sorte des formes de base, presque des formes « par défaut », aux formes marquées; les formes marquées ont une caractéristique, qui s’éloigne plus ou moins de la « norme », qu’on indique par une marque particulière. Par exemple, en français, un nom au singulier est une forme non marquée, alors que son équivalent au pluriel est une forme marquée, qui prend une marque du pluriel. Dans le cas des verbes TA, les formes locales directes sont non marquées; se conformant à la hiérarchie des personnes, elles ne prennent pas de suffixe thématique. Toutes les autres formes verbales sont marquées, prenant un suffixe thématique. : le sujet correspond à une personne qui est plus haute dans la hiérarchie des personnes que celle du complément, et le préfixe reflète le sujet. Les formes locales directes ne prennent pas de suffixe thématique. Toutes les autres sous-classes TA requièrent un suffixe thématique, du moins à l’indépendant, car au conjonctif, seule les formes locales inverses et les formes mixtes ayant un complément d’objet à l’obviatif ont recours à un suffixe thématique. Rappelons qu’au conjonctif et à l’impératif, il n’y a pas de préfixes personnels.
tshi + uapam + (i)t + (i)nan | = | tshuapamitinan | nous te voyons |
ni + uapam + a + nan | = | nuapamanan | nous le voyons |
ni + uapam + a + u | = | nuapamau | je le vois |
ni + uapam + iku + nan | = | nuapamikunan | il nous voit |
ni + uapam + im + a + nan + a | = | nuapamimanana | nous voyons l’autre (ex. son frère) |
ni + uapam + im + iku + nan + a | = | nuapamikunana | l’autre (ex. son frère) nous voit |
ni + uapam + e + u | = | uapameu | il voit l’autre |
Les suffixes thématiques des verbes TA sont les suivants, à l’ordre indépendant :
–(i)t– | formes locales inverses, qui prennent aussi ce suffixe thématique au conjonctif. |
–a– | formes mixtes directes, seulement à l’indépendant; |
formes mixtes directes avec complément au possessif (ex. son frère), en combinaison avec -im- : PRÉFIXE + RADICAL + im + a + FLEXIONS. | |
–e– | formes non locales directes, seulement à l’indépendant. |
–iku– | formes mixtes inverses, seulement à l’indépendant; |
peut se combiner avec –im-. | |
–im– | thème de possession : indique que le complément d’objet (ou le sujet du verbe pour le dialecte de l’ouestDans le dialecte de l’est, le suffixe thématique –iku– ne peut se combiner à –im-. Exemple : [son frère] m’entend : Ouest nipetumiku, est nipetakunua.) est dans une structure de possession (ex. son frère, son enfant, son caribou); |
dans les formes directes, le thème de possession, qui indique que le complément est une structure possessive, se combine aux thèmes des formes mixtes (-a-) et non locales (-e-) : tshi+petu+im+a+u+a = tshipetumaua tu l’entends [son frère]; | |
dans le dialecte de l’ouest, ce thème peut se combiner au thème inverse –iku, ce qui n’est pas possible dans le dialecte de l’est; | |
lorsque ce thème de possession se combine à un autre des thèmes TA, il vient en premier dans l’ordre de suffixation des flexions. |