Les radicaux de verbes comme shashkaimu et pakuneimu sont shashkai- et pakunei-. On les trouve avant les terminaisons -mu ou -n.
La finale de ces radicaux est une voyelle suivie du son [j]LINGUISTIQUE : Les sons [j] et [w] sont appelés semi-consonnes ou semi-voyelles parce qu’ils peuvent jouer le rôle d’une voyelle ou d’une consonne. En orthographe innue, on écrit ces sons avec les lettres i et u, qui sont aussi utilisées pour écrire les voyelles [i] et [u]. (aussi appelé yod) : ai [aj] (comme dans maille ou aie en français), ou ei [ej] (comme dans paye, meilleur en français). Les radicaux TI qui se terminent en ai ou en ei ont généralement comme sens de baseLINGUISTIQUE : Ces finales de radical sont appelées finales instrumentales en linguistique algonquienne. une action qui est faite à l’aide d’un coup ou d’un objet, d’un outil ou d’un instrument. Étant donné que le radical se termine par des voyelles, les voyelles thématiques TI -a- et -e-tombent Sauf dans le dialecte de Pessamit : [nt∫ǝpje:n] je ferme qqch., comme si les voyelles finales du radical les avaient remplacées, tel qu’on peut l’observer dans les exemples qui suivent.
EXEMPLES DE VERBES TI À RADICAL EN ai ou ei
takaimu
il touche qqch
takaimuat
ils touchent qqch
shashkaimu
il allume qqch
shashkai!
allume qqch!
maimu
il descend la rivière en canot
tshika main
tu descendras la rivière en canot
utamaimu
il frappe qqch
nutamaiti
j’ai frappé qqch
munaimu
il déterre qqch
nimunainan
nous avons déterré qqch
tshinaimu
il rend qqch pointu
tshinaimińua
il (l’autre) rend qqch pointu
tepaimu
il croise qqch par hasard
tshitepaiti
tu as croisé qqch par hasard
apaimu
il dévisse qqch
apaimuat
ils dévissent qqch
peshaimu
il peinture qqch
apu peshaik
il ne peinture pas qqch
mishaimu
il rapièce qqch
nimishain
je rapièce qqch
kutaimu
il vérifie qqch
apu kutaiman
je ne vérifie pas qqch
kashkameimu
il prend un raccourci en canot
nikashkamein
je prends un raccourci en canot
pińeimu
il égrène qqch
eka pińei!
n’égrène pas cela!
pakuneimu
il perce qqch
pakuneimupan
il a percé qqch
natumesheimu
il va à la pêche en bateau
natumesheitau!
allons à la pêche en bateau!
tapitsheimu
il peigne qqch
apu tapitsheik
il ne peigne pas qqch
atatsheimu
il clôture qqch
apu atatsheimin
tu ne clôtures pas qqch
amisseimu
il mélange qqch
amissei!
mélange qqch!
REMARQUES SUR LA PRONONCIATION ET L’ORTHOGRAPHE
Dans les dialectes de l’est, la voyelle suivie de [j] est bien prononcée, alors que dans les dialectes de l’ouest, ai est plutôt prononcé comme s’il n’y avait qu’une voyelle : [i:]. Les locuteurs de l’ouest devront donc savoir qu’il n’y a pas de terminaison TI en i [imu] à l’écrit, et qu’il faut toujours écrire -aimu, -eimu, -ain, -ein, etc. Par contre, les radicaux en ei sont partout prononcés [ej]. La difficulté sera alors de connaître la voyelle, a ou e, qui précède le i.
Dans les dialectes de l’est, la distinction entre -ai et -ei a tendance à se neutraliser, c’est-à-dire qu’on ne distingue pas toujours les deux prononciations, qui sont plus près de [ej] que de [aj]. Différencier ces terminaisons de radical demande donc un certain apprentissage. Le dictionnaire est alors très utile pour connaître la bonne orthographe de ces verbes TI.
APA:
Baraby, A.-M. & Junker, M.-O. (2014). Les radicaux de verbes. Dans Grammaire innue / Innu Grammar / Aimun-Mashinaikan. Repéré à [URL]
MLA:
Anne-Marie Baraby et Marie-Odile Junker. Les radicaux de verbes. Dans Grammaire innue / Innu Grammar / Aimun-Mashinaikan. 2014. Web. [date]
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